Des cœurs qui battent plus fort : la Chaîne de l’Espoir à Bordeaux relie les enfants à la vie
7 Mai 2025 | Salles | Par Killian Lemaitre - - Morais
La Chaîne de l’Espoir est une ONG médicale internationale fondée en 1994 par le Professeur Alain Deloche, avec pour mission d’améliorer l’accès aux soins chirurgicaux pour les enfants vulnérables dans plus de 25 pays à travers le monde. Indépendante, l'association agit pour offrir à chaque enfant les mêmes chances de survie et de développement, en intervenant là où les systèmes de santé sont défaillants ou en crise.
C’est le cas au Burkina Faso, en Afrique, au Proche et Moyen-Orient, Europe, en Asie.
L’organisation opère selon une approche globale : elle assure la prévention, le dépistage, les soins et la chirurgie, tout en formant les équipes médicales locales et en construisant ou en équipant des hôpitaux adaptés aux besoins des populations. « Il est impossible d’abandonner à leur sort les millions d’enfants privés de soins médicaux dans le monde », rappelle le Professeur Deloche, fondateur de l’association.
Depuis 2010, le Dr Éric Cheysson en assure la présidence, poursuivant cet engagement humanitaire.
Une chaîne humaine sans limites
L’association s’appuie sur 605 bénévoles et 208 salariés, et se finance grâce à la générosité de donateurs particuliers, d’entreprises, de subventions publiques et du mécénat. En 2023, elle a opéré plus de 7 000 enfants et mené 116 missions médicales, touchant plus de 230 000 bénéficiaires.
La Chaîne de l’Espoir intervient aussi lors de catastrophes majeures : séisme au Népal en 2015, explosion à Beyrouth en 2020 ou encore au début de la guerre en Ukraine en 2022. Elle apporte alors un soutien médical et logistique d’urgence, tout en maintenant des actions de long terme, notamment la réhabilitation de blocs opératoires et la formation continue des soignants locaux. Son réseau s’étend sur une trentaine de pays, avec des antennes et des partenaires en Europe, aux États-Unis, en Afrique et en Asie, permettant d’équiper et d’accompagner des missions dans des pays comme le Mali, le Bénin, le Cambodge ou l’Afghanistan.
Une équipe bordelaise bien accompagnée
Au cœur de son action, des bénévoles comme Stéphanie Vanson et Sylvie Sedogbo jouent un rôle clé. Stéphanie, bénévole depuis dix ans, coordonne les familles d’accueil et la collecte de dons. Elle raconte : « J'ai recueilli à Bordeaux une petite fille très essoufflée et ne prenant pas de poids. Après un premier examen à l'hôpital de Cotonou, au Benin, un cardiologue local découvre un trou dans son cœur. L’opération étant impossible sur place, la Chaîne de l’Espoir à Paris est contactée. Après confirmation par visioconférence, les démarches administratives sont lancées, et l’enfant est transféré en France grâce à l’aide d’ASF et d’Air France. À son arrivée, elle passe un check-up à l’hôpital Haut-Lévêque, puis est opérée rapidement. Après quelques jours d’hospitalisation, elle séjourne dans ma famille pour sa convalescence, avant de rentrer au Bénin où son suivi médical se poursuit. » Ce parcours dure entre un et deux mois, et nécessite une famille d’accueil disponible 24h/24, habitant à proximité de l’hôpital.
Des difficultés à la hauteur de l’engagement
Le financement de chaque opération et voyage reste tout de même un défi : « Pour sauver la vie d’un enfant, il nous faut une moyenne de 15 000 euros », explique Stéphanie. Grâce aux dons, l’association prend en charge des billets d’avion réduits, les médicaments, l’hébergement, tandis que la chirurgie est assurée bénévolement par les équipes médicales partenaires. À Bordeaux, une quinzaine d’enfants sont opérés chaque année, venus de divers pays. La rénovation et l’installation d'hôpitaux et des services soins à l’étranger reste aussi l’une de ses missions principales : « Le but, c’est qu’un jour, les enfants puissent être soignés dans leur pays », souligne-t-elle.
Sylvie Sedogbo, coordinatrice des familles, évoque les difficultés : « Il y a toujours des problèmes. Au Burkina Faso, par exemple, la situation politique rend impossible l’obtention de visas. Les familles ont parfois peur que les enfants ne reviennent jamais ou soient victimes de trafic d’enfant». La prévention et l’apaisement des familles sont la première mission de la Chaîne de l’Espoir pour crever l’abcès : « Je suis en contact régulier avec les familles biologiques, il faut trouver les mots pour les rassurer parce qu’ils sont à des milliers de kilomètres.»
« J’avais besoin d'avoir un sens à une action auprès des enfants, c'était évident, j'ai donc contacté l'asso pour devenir famille d'accueil. »
Le choix de la famille d’accueil est crucial. Sylvie raconte : « On n’avait aucune famille d’accueil, donc il fallait absolument trouver un moyen. Béatrice (mère d’accueil) est tombée sur une affiche au cabinet de kiné, et le lien s’est créé immédiatement. » Les familles d’accueil offrent un environnement stable et affectueux, mais la séparation au bout de deux mois peut être difficile. « Ce qui est le plus étonnant, c’est la rapidité avec laquelle le lien se crée », confie Stéphanie. Damien, qui a filmé l’aventure, témoigne : « C’est moi, derrière la caméra, qui ai fondu en larmes, il y a quelque chose qui s'est créé. C'est inexplicable. »
Au-delà de l’aspect médical, la Chaîne de l’Espoir construit de véritables ponts humains. « Quand vous avez le bébé qui arrive, c’est comme une fleur qui est totalement fermée, il ne pense qu’à respirer. Après l’opération, en deux jours, la fleur s’ouvre : ces bébés marchent quinze jours après, alors qu’ils ne pouvaient pas bouger. C’est le miracle de la vie, qui me tire les larmes aux yeux à chaque fois », raconte Stéphanie.
Un appel à la solidarité pour sauver des vies
Pour poursuivre cette mission, l’association lance un appel : « Si chacun fait un petit geste, ces bébés sauvés seront un jour médecins dans leur pays pour aider les autres. On remercie tous les donateurs, et on a toujours besoin de familles d’accueil pour s’occuper de ces enfants. On ne peut pas laisser un enfant seul à l’hôpital, sans soins, sans amour, sans présence. »
Retrouvez le documentaire vidéo inédit sur Atlantique TV, partenaire de La Chaîne de l’Espoir. À travers le regard de Bénédiction, Béatrice et Cédric (sa nouvelle famille d’accueil), plongez-vous dans une aventure humaine bouleversante, de l’arrivée en France aux premiers pas vers la guérison. Un film qui donne la parole à l’émotion, à la solidarité et à l’espoir, à ne pas manquer.
Lemaitre - - Morais Killian