Claire P. brise le silence : licenciement abusif à Mios, la justice donne raison à l’ex-DGS
7 Mai 2025 | Mios | Par Killian Lemaitre - - Morais
Temps de lecture : 5 minutes
En décembre 2021, la mairie de Mios recrute Claire P. (Claire P. est un nom d’emprunt utilisé afin de protéger l’identité réelle de la personne concernée.) comme Directrice générale des services (DGS) pour piloter l’administration aux côtés du maire Cédric Pain. Dès février 2022, elle est mise en avant lors de la présentation du plan d’égalité femmes-hommes. Mais la collaboration se détériore rapidement : en mai 2023, la mairie supprime son poste pour raisons budgétaires, invoquant un contexte financier tendu après la crise sanitaire. Revenons sur les réelles raisons de ce licenciement grâce au verdict de la justice bordelaise et le témoignage poignant de Claire P.
Déroulé judiciaire et retombées
Claire P. conteste son licenciement devant le tribunal administratif de Bordeaux, estimant que la suppression de son poste n’est pas justifiée et que la rupture s’est faite de manière brutale. Lors de l’audience du 27 mars 2025, le rapporteur public estime que le licenciement pour motifs économiques n’est pas fondé, même si le harcèlement moral n’est pas retenu contre la mairie. Cette affaire a déjà eu des retombées importantes : elle met en lumière des dysfonctionnements dans la gestion municipale et suscite des interrogations sur la stabilité et l’ambiance interne à la mairie. Elle alimente aussi le débat local sur la gouvernance de la commune et la capacité de la mairie à gérer ses ressources humaines dans l’intérêt général.
La décision du tribunal administratif de Bordeaux est tombée le 10 avril 2025 et tranche en faveur de Claire : le juge a mis en lumière une insuffisance de motivation de la décision, soit un licenciement pour raison personnelle et non une défaillance de budget. Cet acte est donc défini comme un abus de pouvoir de la part du maire de Mios. Cela implique une réintégration de l’agent à son poste ou dans un poste équivalent, la cour a décidé parallèlement de mettre à la charge de la commune, une somme à verser à Claire P. au titre des frais liés au préjudice subi.
Un témoignage poignant
Recrutée le 1er décembre 2021 comme Directrice générale des services (DGS) de Mios, Claire P. a d’abord connu trois mois d’intégration réussis avant que la situation ne se dégrade brutalement. « Une fois mes marques prises, le maire a commencé à installer une rivalité et à abuser de son pouvoir. Les relations se sont tendues, et en juin 2022, il m’a reproché un manque de respect inexistant lors d’une explication houleuse » raconte-t-elle. Selon Claire P., le maire n’a jamais vraiment souhaité de DGS : « Ce sont les adjoints qui ont imposé ma venue. » Malgré cette situation floue concernant son arrivée, la situation est inacceptable et devient vite insupportable : « Il venait faire des scandales dans mon bureau, m’accusant de manquer de respect sans jamais préciser pourquoi. Au moindre prétexte, il créait un problème, c’était chaque semaine. » Malgré ce climat, Claire P. décide de rester un an pour préserver son parcours professionnel. Mais la pression monte : « En janvier, il a menacé de me licencier pour insuffisance professionnelle, ce qui n’était pas le cas. Deux élus qui m’ont soutenu ont été poussés à démissionner car ils se rebellaient contre le maire. »
Placée en arrêt-maladie et sous protection fonctionnelle pour harcèlement moral, Claire saisit le tribunal administratif. « Il n’a pas pu prouver mon insuffisance professionnelle et a alors invoqué un motif économique pour supprimer mon poste en juillet 2023. » Le rapporteur public du tribunal administratif de Bordeaux a estimé que « le licenciement pour motifs économiques n’est pas fondé », bien que le harcèlement moral n’ait pas été retenu. L’ancienne DGS livre des exemples concrets du climat instauré : « Il a surgi dans mon bureau en criant ‘C’est moi le maire, ne me donnez pas d’ordres, je n’ai pas besoin de vous’, alors que je l’avais juste informé d’une réunion. Un vendredi soir, il m’accusait de mal lui parler, pour me faire douter et me rabaisser. » Elle confie avoir été sous antidépresseurs : « Je n’ai jamais vécu ça en 25 ans de carrière. J’ai découvert que j’étais la quatrième DGS à être mise au placard sous son mandat. » Le malaise ne s’arrête pas là : « Deux élus ont été licenciés en juin 2022 pour s’être opposés à lui, et ils ont attesté qu’il me rabaissait devant tout le monde. C’est le régime de la terreur ». Certains agents, cadres ou élus se taisent par peur des représailles ou semblent même être complices de ces actes.
Claire sort du silence pour prévenir ce genre d’acte et qu’ils ne se produisent plus dans cette mairie et autre part : « Je ne suis pas la première femme, ni la première personne à subir son abus de pouvoir. Il veut que tout tourne autour de lui ». Malgré d’autres accès de colère comme celui-ci, dénoncé par Madame P. : « C’est moi le maire, ne me donnez pas d’ordres, je n’ai pas besoin de vous », Cédric Pain n’en est pas à son premier excès. “Je connais une professeure d’histoire au collège de Mios qui a reçu deux lettres incendiantes concernant un voyage organisé par cette dernière à Auschwitz et Paris et il ne digérait pas qu’il n'a pas été prévenu et qu’il n’était pas invité”. Claire P dénonce un homme peu bienveillant et qui a fait un acte plus qu’impardonnable sur une femme d’expérience qui a subi une grande injustice qui doit être révélée au grand public.
Malgré nos tentatives, la mairie n’a pas donné suite à notre demande de contact.
Mise à jour 8/05/2025 : Cet article est basé sur le témoignage de Claire P., que nous avons tenté de retranscrire avec la plus grande fidélité. Il reflète son point de vue et son expérience personnelle. Nous restons bien entendu ouverts à un droit de réponse de la mairie, qui n’a pas encore réagi à ce jour.